Page créée le 11/04/2008
Mise à jour le 22/03/2020
Le grand-orgue Clicquot (1768)
de l’église Saint-Gervais
de Paris (75)
Pays :
France
Région :
Ile-de-France
Départ. :
Paris
Ville :
Paris (4ème)
Local :
Eglise St Gervais
Facteur :
Clicquot
Année :
1768
Historique
Disposition
Carte
Cliquer
Photos
Orgues en France et dans le monde.
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Autres caractéristiques :
41 jeux - 5 claviers manuels et pédalier
Transmission mécanique des claviers et des jeux
Accouplement : I/II à tiroir - III/II permanent
Diapason : La = 410 Hz - Tempérament égal
Tremblant
Il existait à cet emplacement l’une des toutes premières paroisses de Paris, sans doute dès le 4ème siècle. Au
Moyen-âge le quartier devint celui des marchands, et notamment des marchands de vins. Devant le
développement de la population, l’ancienne église fut reconstruite vers 1420 mais s’avéra elle-même très
rapidement trop petite. L’église actuelle, dédiée à Saint-Gervais et Saint-Protais, a été édifiée à partir de 1494
dans le style gothique. Les travaux ne s’achèveront qu’en 1621 avec la construction de la façade classique à trois
niveaux comportant les trois ordres classiques, dorique, ionique et corinthien. C’est la première de ce style à Paris.
Elle annonce le style baroque qui va très vite se développer. L’édifice se compose d’une nef avec deux bas-côtés
eux-mêmes bordés de chapelles latérales, d’un transept non saillant et d’un grand-chœur terminé par un chevet à
trois pans, entouré d’un déambulatoire lui-même bordé de chapelles dont la chapelle axiale de la Vierge. L’église
est largement éclairée par une multitude de vitraux et de verrières de toutes les époques, du 16ème au 21ème
siècle. A noter les stalles du chœur qui datent du 16ème siècle et une pièce unique, la maquette en bois de la
façade sculptée par Salomon de Brosse en 1615 (baptistère). L’église a fait l’objet de plusieurs restaurations, entre
1827 et 1844 par l’architecte Baltard, entre 1863 et 1869, en 1919 et 1920 après qu’en 1918 un obus avait
transpercé la nef pendant un office faisant une centaine de morts, et plus récemment en 2000 et 2013. Elle est
classée aux Monuments Historiques depuis 1862.
Aude Heurtematte
François Couperin Tierce
Frédéric Muñoz
Suite à la Française improvisée
L’orgue qui orne la tribune au fond de la nef est un instrument exceptionnel : c’est l’un des plus anciens de la capitale, il est resté
quasiment dans son état historique et enfin ce fut l’orgue des Couperin.
On sait la présence d’un orgue dans l’ancienne église à la fin du 14ème siècle. Sa présence est attestée en 1414.
En 1513, la paroisse fit l’acquisition de l’orgue du Prieuré Ste Catherine du Val des Ecoliers qui datait de 1421. Cet ancien prieuré,
aujourd’hui détruit, se situait sur l’actuelle Place du Marché Sainte-Catherine (4ème).
Vers 1600, un nouvel orgue fut réalisé par le facteur d’origine flamande Matthijs LANGHEDUL, installé à Paris avec son père depuis
1585. L’église n’étant pas achevée, l’instrument fut placé en 1601 dans la tribune du transept sud. Cet instrument comportait 21 jeux
sur deux claviers avec première octave courte. C’est la base de l’instrument actuel. Le buffet devait ressembler à celui que l’on voit
aujourd’hui mais avec trois tourelles d’égale hauteur. Après le retour de LANGHEDUL en Flandre, l’entretien est assuré par le facteur
parisien Paul MAILLARD.
En 1628, l’église est achevée et l’on confie le transfert de l’orgue dans la nouvelle tribune en fond de nef au facteur parisien Pierre
PESCHEUR, élève de MAILLARD. Un Positif de Dos reçoit la division de Positif, la mécanique est refaite ainsi qu’une nouvelle
console en fenêtre. L’octave courte est étendue pour obtenir 49 notes aux claviers manuels et un accouplement des deux claviers
est ajouté. Quelques modifications sont apportées pour renforcer la composition de l’orgue et l’adapter à son nouvel emplacement.
En 1649, un relevage est effectué par le facteur Pierre THIERRY de Paris.
En 1653, le jeune Louis Couperin accède à la tribune comme titulaire. Sa famille y restera jusqu’en 1826…
En 1659, Pierre THIERRY rajouta une division d’Echo avec 7 jeux, ajouta un Nasard et une Tierce neuve au Positif. Une tirasse
mobile du grand-orgue fut ajoutée et c’était là une grande nouveauté.
En 1661, Charles Couperin prit la suite de son frère décédé.
En 1668, à la mort de Charles Couperin, l’intérim à la tribune est assuré par Michel-Richard Delalande, jusqu’à la prise de fonction
en 1685 de François Couperin âgé de dix-huit ans.
Entre 1676 et 1685, Alexandre THIERRY, le fils de Pierre, entreprend un ensemble de travaux destinés à compléter et restaurer
l’instrument fatigué. Un Cornet de Récit est ajouté ainsi qu’un Bourdon 16’ au Grand-orgue. Le diapason est remonté d’un demi-ton
(Si#). L’étendue des claviers manuels est portée à 51 notes pour le Grand-orgue et le Positif
En 1714, François THIERRY, le neveu d’Alexandre, rajoute une Trompette 8’ au Récit sur une chape laissée libre au Grand-orgue
par la suppression de la Flûte 4’. L’octave grave posté de l’Echo est supprimé pour faciliter l’entretien de la mécanique et améliorer
le toucher.
En 1733, au décès de François Couperin, son cousin Nicolas le remplace jusqu’à sa mort en 1748 où son fils Armand-Louis lui
succède.
Entre 1758 et 1768, une grande restauration de l’orgue fut entreprise, d’abord par le facteur parisien Louis BESSART, ancien ouvrier
de François THIERRY, puis par François-Henri CLICQUOT à la mort de BESSART en 1764. Le buffet fut restauré et rehaussé dans
l’état où on le voit aujourd’hui. La disposition générale de l’orgue fut revue mais le réemploi d’une partie importante de l’ancien
matériel sonore marquait une transition « douce » de l’instrument.
En 1773, Pierre-Louis Couperin remplaça son père Armand-Louis, et fut lui-même remplacé à son décès en 1789 par son frère cadet
Gervais-François.
L’entretien fut assuré par CLICQUOT jusqu’à sa mort en 1790 puis par son associé Pierre DALLERY. L’orgue échappa de justesse à
la disparition pendant la fermeture de l’église à la Révolution.
En 1812 et 1813, Pierre-François DALLERY, le fils de Pierre, effectua en plus du relevage de l’orgue plusieurs travaux de
modification. Les mixtures du Grand-orgue et du Positif furent enlevées, une 2ème Trompette 8’ posée au Grand-orgue, une 2ème
Flûte 8’, une Clarinette 8’ et un Basson 8’ ajoutés au Positif.
La mort de Gervais-François Couperin en 1826 marque la fin de la présence de la dynastie Couperin à cette prestigieuse tribune. Le
nouveau titulaire est alors Alexandre-Pierre-François Boëly.
En 1842, Pierre-François DALLERY restitue les Plein-jeux ôtés en 1813 et remplace la Montre des tourelles du Grand-orgue.
Après 1880, le grand-orgue fut plus ou moins laissé à l’abandon et se dégrada progressivement.
En 1909, le facteur Joseph GUTSCHENRITTER, successeur de MERKLIN à Paris, fit les travaux nécessaires à la remise en service
de l’orgue mais sans aucun changement.
Entre 1920 et 1924, l’orgue qui avait subi des dommages lors du bombardement de l’église en 1918, fut réparé par le facteur Louis
BEASSE de Paris. La soufflerie a été reconstruite à côté de l’ancienne préservée et le pédalier à la française remplacé par un
nouveau à l’allemande.
La partie instrumentale a été classée aux Monuments Historiques en août 1924.
En 1967, un marché de restauration fut passé avec la maison GONZALEZ de Rambervillers (Vosges), dirigée par Georges DANION.
Mais les évènements de mai 1968 vont geler les crédits et les travaux pendant 8 ans. Seule la restauration du buffet put être
entreprise avec la pose de tuyaux de montre, pour cacher la misère…
En 1973, la grande restauration tant attendue put enfin se réaliser. L’objectif était de restituer la disposition de 1768. Au Grand-orgue
le Plein-Jeu IX a été reconstruit à neuf suivant les dispositions relevées sur le faux-sommier d’origine fort heureusement conservé.
Au Positif, le Plein-jeu de DALLERY est maintenu, un dessus de Bourdon 8’ à cheminée est posé et le Basson-Clarinette 8’ est
remplacé par un nouveau Larigot 1’. L’étendue de Pédalier est portée à 27 notes.
En 2000, la maison MUHLEISEN de Eschau (Bas-Rhin) a effectué un relevage et ajusté le tempérament.
L’église Saint-Gervais et la capitale ont la chance d’abriter un joyau de la facture classique française, qui mériterait bien une grande
restauration.
Aude Heurtematte, titulaire
Aude Heurtematte
Louis Couperin Fantaisie
Composition 1601
Composition 1685
Composition 1768
Jorris Sauquet
Louis-Claude Daquin Noël VI
Aude Heurtematte
M. Corette et J.F Dandrieu