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Page créée le 02/05/2020
Les orgues Merklin (1888) et
Michel-Merklin-Kuhn (1948) de
l'église St Vincent-de-Paul de
Marseille (13)
Pays :
France
Région :
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Départ :
Bouches-du-Rhône
Ville :
Marseille - 1er
Local :
Eglise St Vincent-de-Paul
dite «des Réformés»
Facteur :
Merklin
Michel-Merklin-Kuhn
Année :
1888 / 1948
Passion, Découvertes, Partage....
Historique
Disposition à la console totalisatrice de 2009
Carte
Photos
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Jean Barragan
Casse-Noisettes Op. 71,Tchaikovsky
La Danse de la fée Dragée
Cette grande église, située au haut de la Canebière à Marseille, est dédiée à St Vincent-de-Paul mais les marseillais la
connaissent mieux sous le nom d’église des Réformés. En référence aux Augustins Réformés qui occupaient l’ancienne chapelle
au 17ème siècle. La construction d’une nouvelle église fut décidée dès 1849 et les travaux débutèrent en 1855 sous la direction
de l’architecte François Reybaud. En 1863, après le retrait de ce dernier la fabrique confia la direction des travaux à l’architecte et
abbé Guillaume-Joseph Pougnet. Les travaux s’achevèrent en 1886. L’édifice est de style néo-gothique et s’inspire des premières
grandes cathédrales gothiques du 13ème siècle. Il se compose d’une nef avec deux collatéraux, un transept et un chœur avec
déambulatoire terminé par un chevet pentagonal. Sa façade comporte trois portails et est entourée de deux clochers dont les
flèches culminent à 70 m de hauteur. L’église fut peu à peu délaissée à la fin du 20ème siècle, et elle risqua même la démolition.
La création, en 1988, d’une association pour sa sauvegarde et sa restauration (ASPRA) permit une mobilisation importante
réussissant non seulement le maintien de l’église mais encore le ravalement de sa façade et l’installation de quatre cloches dans
le clocher nord. La paroisse a repris vie avec l’arrivée d’un nouveau curé en 2004 et elle est aujourd’hui l’une des plus
fréquentées de Marseille. En 2018 une vaste campagne de restauration des tours et des murs extérieurs de l’église a été
engagée par la Ville, elle devrait durer au moins trois ans. L’église est classée aux Monuments Historiques depuis mars 2015.
L’ancienne chapelle des Réformés possédait un orgue construit en 1845 par la maison DAUBLAINE-CALLINET de Paris, l’année
de son rachat par le facteur DUCROQUET. L’instrument d’une dizaine de jeux sur deux claviers et pédalier en tirasse a été
transféré dans la nouvelle église en 1868, année où l’ancienne chapelle fut détruite. Cet orgue sera vendu en 1888 à l’ancienne
cathédrale Notre-Dame de Die (Drôme) où il a été placé par MERKLIN la même année et où il se trouve toujours.
En 1888, l’église St Vincent-de-Paul s’est dotée d’un grand-orgue symphonique construit par la maison de Joseph MERKLIN de
Lyon (Rhône). Cet instrument a la particularité d’être placé dans deux buffets jumeaux qui se font face à chaque extrémité du
transept. Ces buffets néo-gothiques ont été dessinés par l’abbé Pougnet et réalisés par la maison Gémy & Fils de Marseille.
L’orgue comptait à l’origine 48 jeux sur trois claviers de 56 notes et pédalier de 30 notes et il était doté de la nouvelle transmission
électrique « Schmoele et Mols » dont MERKLIN avait acquis les brevets en 1884. C’est cette nouvelle technique qui permit à
MERKLIN de disposer l’orgue dans deux buffets distants.
Le buffet Nord (Evangile) renferme le Grand-orgue, le Positif et une partie de la Pédale, le buffet Sud (Epitre) renferme le Récit et
le reste de la Pédale. La console principale à trois claviers et pédalier est placée côté Nord (grand-orgue). Chaque buffet
comporte un grand soufflet Cummins de 6x3m alimentant un soufflet par division.
Le grand-orgue fut inauguré en décembre 1888 par Théodore Dubois, compositeur et titulaire de la Madeleine (Paris).
Pourtant, dès la mise en service, l’instrument s’avéra un peu juste pour remplir le volume sonore de l’église, notamment en raison
de la position très haute des deux buffets au fond de chaque extrémité du transept.
Pour y remédier, MERKLIN ajouta dès février 1889 quatre jeux à la division de grand-orgue qu’il disposa dans le buffet Sud et
plaça deux plafonds réfléchissants sur les buffets pour rabattre le son. A la demande de la paroisse, MERKLIN construisit
également une console secondaire de deux claviers et pédalier à la tribune du buffet Sud. Cette console permet de jouer le
complément de Grand-orgue de 1889, le Récit et deux jeux de Pédale (Contrebasse 16’ et Octavebasse 8’) et d’attribuer ainsi le
rôle d’orgue d’accompagnement à cette console spécifique.
En 1912, l’orgue a été restauré par la maison MICHEL-MERKLIN & KUHN de Lyon, successeurs de MERKLIN depuis 1902 et
dirigée alors par Pierre CHENET. A cette occasion, la Sesquialtera du Positif est remplacée par un jeu d’Unda-Maris 8’ et la
Cymbale du Récit est modifiée. Les souffleries ont reçu un moteur électrique.
Malheureusement, après une vingtaine d’année de fonctionnement plus ou moins aléatoire, de sérieux problèmes apparaissent
en raison de l’oxydation des aiguilles de cuivre qui n’assurent plus le contact électrique. Malgré la restauration de 1912, les
orgues font l’objet de plusieurs devis successifs de travaux d’amélioration, notamment en 1929 avec le projet de deux nouvelles
consoles, puis en 1948 avec la proposition d’une console totalisatrice de quatre claviers (66 jeux) dans la nef ainsi que d’un orgue
d’accompagnement de deux claviers (18 jeux).
En 1947, devant l’impossibilité de réaliser tous ces projets et les orgues de tribunes étant devenus injouables, l’organiste titulaire
Marcel PREVOT obtint la construction par la manufacture lyonnaise Michel MERKLIN & KUHN, d’un grand orgue de chœur
d’esthétique néo-classique.
C’est un instrument d’esthétique néo-classique de 40 jeux (27 jeux réels) sur trois claviers manuels de 61 notes et pédalier de 32
notes, avec des transmissions électropneumatiques. A noter qu’il y fut intégré le jeu de Voix-Humaine 8’ de l’orgue de 1888. Le
buffet dont les tuyaux sont apparents est situé dans la première chapelle du chœur côté épitre, sur une tribune neuve en béton. Il
possède sa console à trois claviers de 61 notes et pédalier de 32 notes, placée au sol. L’orgue harmonisé par Auguste CHENET a
été inauguré en avril 1948.
Le grand-orgue de 1888 a été classé aux Monuments Historiques en 1981, en raison de l’exceptionnelle conservation de son état
d’origine. Certains pensent que ce classement a peut-être sauvé l’église de la fermeture et de la destruction envisagées dans les
années 1980.
Le 22 Juillet 1994, le conseil Municipal vote une première tranche de travaux en vue de la restauration de l’instrument.
Il faudra attendre 2002 pour que soient votées les prochaines tranches dans lesquelles l’État apporte une participation financière
de 50 %.
C’est au technicien-conseil de l’État Jean-Pierre DECAVELE que sera confiée la maîtrise d’œuvre, et ce sera aux facteurs Pierre
SABY de Saint-Uze (Drôme), assisté de Dominique RICHAUD de Nuits-Saint-Georges (Côte d’Or) pour la partie électronique,
que sera attribuée la restauration de l’instrument.
Cet important travail a consisté à restaurer et préserver l’orgue de 1888, muet, et à restaurer l’orgue de 1948, en très mauvais
état. L’idée étant que l’on conserve à la fois l’autonomie de ces deux instruments avec leurs propres consoles mais aussi qu’on
puisse jouer l’ensemble sur une nouvelle console totalisatrice.
La restauration a porté sur le nettoyage de l’ensemble de l’orgue, la révision des sommiers, de la soufflerie et de l’alimentation en
vent. Les câblages historiques ont été conservés mais doublés par une transmission numérique. Une console totalisatrice mobile
à cinq claviers et pédalier a été construite.
La tuyauterie de 1888, d’excellente qualité, a été restaurée. Quelques aménagements ont été apportés à la disposition de l’orgue
de Chœur pour éviter les doubles emplois entre les deux orgues. La Voix Humaine de 1888 a réintégré le grand-orgue historique
et a été remplacée par un jeu de Septième 1’ 1/7. Deux jeux d’anches à haute-pression en chamade ont été positionnés derrière
le maître-autel, pour rééquilibrer la diffusion sonore des deux buffets latéraux. Les jeux de Quinte 5’ 1/3, Tierce 3’ 1/5, Septième 2’
2/7 ont été ajoutés au clavier de Grand-Chœur avec trois extensions à la Pédale. Ces nouveaux jeux sont placés dans l’orgue de
chœur et sont appelés spécifiquement de la nouvelle console totalisatrice.
La nouvelle console comporte cinq claviers commandant tous les plans sonores des orgues "historiques" de 1888 ainsi que ceux
de l'orgue de chœur de 1948.
Et il est également possible de jouer les trois consoles conservées (Épître / Évangile / Chœur) de façon indépendante ou
simultanée... à trois organistes.
Malgré l’apport de l’orgue de chœur, cet orgue demeure un instrument d'esthétique symphonique prédominante puisque c'est
l'harmonisation de MERKLIN de 1888 qui a guidé toutes les interventions de restauration, d'où la parfaite homogénéité du résultat
final. L’harmonisation a été réalisée par le facteur Denis MARCONNET d’Epercieux-Saint-Paul (Loire).
Les orgues restaurés ont été bénis le 6 décembre 2009 par Mgr Bernard Ardura, en présence du sénateur-maire Jean-Claude
Gaudin. Les claviers étaient tenus par l’organiste Jean-Guillou, qui donna, le lendemain, un sublime récital.
Merci à Mr Noé Sénéquier pour sa communication et à Mr Jean Barragan, organiste et chargé de Mission Orgue à la ville de Marseille pour ses précieuses
informations et pour ses photos. Autres informations tirées du livre écrit par Jean-Robert Cain : "Marseille Les orgues de l'église Saint-Vincent-de-Paul dit "Les
Réformés" " Aux éditions ASPRA - 2009, « De nouvelles orgues pour les Réformés », Jean-Robert Cain, Église à Marseille, n°6 –Juin 2011 - « L’orgue dans la Ville »,
Jean-Robert Cain et Robert Martin, édition parenthèse, 2004, ainsi que des explications de Dominique Richaud sur le site « orgue-libre.bbactif.com ».
Jean Guillou
Improvisation - 07-12-2009
Autres caractéristiques :
105 Jeux - 84 réels - 5 claviers manuels de 61 notes et pédalier 32 notes
Transmissions électriques (JM 1888) - Electropneumatiques (MMK 1848) des claviers et des jeux
Gestion numérique des jeux (console totalisatrice)
Consoles 3/P (Tribune Evangile - 1888) + 2/P (Tribune Epitre - 1889), + 3/P (Chœur - 1948)
Console mobile totalisatrice 5/P 2009 : Ensemble de la composition ci-dessus
Console évangile 3/P 1888 : Grand-Orgue et Résonance au 1er clavier, Positif 2ème, Recit 3ème, et Pédale
Console épitre 2/P 1889 : 1er clav : Résonance + jeux Récit "*" - 2è clav. : reste du Récit - Péd : jeux notés "*"
Accouplements 8' : II/I - III/I - IV/I - V/I - III/II - IV/II - V/II - IV/III - V/III - V/IV
Accouplements 16' : II/I - III/I - III/III - V/I - V/II - V/III - V/IV - V/V
Accouplements 4' : V/I - V/II - V/III - V/IV
Tirasses 8' : I/P - II/P - III/P - IV/P - V/P
Tirasses 4' : II/P - V/P
Inversion I/II - Inversion Echo/Récit
Affectations : Supp. Rés/I - Rés/II - Rés/III - Echo/I (16') - Echo/IV (16')
Pistons : Coupure règlable (c#'/f#') : Soprano PED - Basses Tirasses - Division Pédale
Pistons : Sequenceur (+/-) - Tirasses auto I à V
Crescendo Général - TUTTI Général
Combinateur électronique + Transpositeur + Fonction Replay
Orgues en France et dans le monde.