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Tours  (37)

Cathédrale St Gatien

Lefèvre, 1620 - Kern, 1996



Composition :

I. Positif de dos II. Grand Orgue III. Récit expressif Pédale 
       
Montre 8' Montre 16' Gambe 8' Soubasse 32'
Bourdon 8' Bourdon 16' Flûte harmonique 8' Flûte 16'
Flûte (dessus) 8' Montre 8' Voix céleste 8' Flûte 8'
Prestant 4' Bourdon 8' Bourdon 8' Flûte 4'
Flûte 4' Viole de gambe 8' Flûte octaviante 4' Bombarde 16'
Nazard 2 2/3' Prestant 4' Octavin 2' Trompette 8'
Doublette 2' Flûte 4' Cornet V Clairon 4'
Quarte 2' Grosse Tierce 3 1/5' Basson-Hautbois 8'  
Tierce 1 3/5' Nazard 2 2/3' Voix humaine 8'  
Larigot 1 1/3' Doublette 2' Trompette 8'  
Fourniture III Quarte 2' Clairon 4'  
Cymbale III Tierce 1 3/5' Trémolo   
Cornet V Flageolet 1'    
Cromorne 8' Grande Fourniture II    
Voix humaine 8' Fourniture IV    
Hautbois 8' Cymbale V    
Trompette 8' Grand Cornet V    
Clairon 4' Bombarde 16'    
Tremblant  Trompette 8'    
  Clairon 4'    
       

Autres caractéristiques :
56 jeux - 3 claviers manuels de 56 notes et pédalier 30 notes
Traction mécanique des claviers et des jeux

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Historique :


D'importants documents découverts, en février 1997, par J.M. Gorry, chargé de mission pour l'étude des archives dans le cadre de l'inventaire des orgues de la Région Centre, ont complètement renouvelé l'histoire de l'instrument aux XVIè et XVIIè siècles.

Un orgue, dont on ne sait rien, existait en 1486. Une tradition rapportée par le chanoine Boissonnot, qui a écrit au début de ce siècle une monumentale histoire de la cathédrale, fait remonter la construction du grand corps du buffet actuel à 1521. Il aurait été offert par le nouvel archevêque Martin de Beaune. Aucun document n'a, pour l'instant, confirmé cette tradition.

En revanche, il est maintenant établi que l'orgue, après avoir été gravement endommagé par les protestants en 1562, est relevé et amélioré, en 1585, par André Delahaye (compositeur et facteur d'orgues à Sens), puis en 1593, par Guillaume Lefebvre (composition et facteur d'orgues au Mans).

Alors que la tradition attribuait à Crespin Carlier, célèbre facteur du XVIIè siècle, l'agrandissement du buffet et la construction du positif de dos, on sait maintenant que Jean Girardet, facteur d'orgues à Angers, réalise, en 1611, d'importants travaux, et qu'en 1619 et 1620, Victor Lefebvre effectue une quasi-reconstruction. En 1621, l'orgue comporte un clavier de 38 notes, 14 jeux et 9 pédales.

En 1642, un relevage est assuré par Nicolas Bricet, facteur d'orgues à Tours.

C'est finalement en 1762, qu'est construit le positif de dos actuel et qu'Antoine Morlet, facteur d'orgues au Mans, y place 15 jeux en même temps qu'il porte le grand orgue à 18 jeux et construit une pédale de 4 jeux et 33 touches, un clavier d'écho de 5 jeux et un cornet séparé.
L'ensemble du buffet est peint couleur bois de chêne, à l'huile.

D'importants travaux ont lieu en 1733, lesquels sont attribués à Louis-Alexandre Clicquot.

En 1764 et 1771, intervient Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre, qui vient de terminer, dans la basilique Saint-Martin toute proche, le plus grand orgue jamais construit, en France, sous l'Ancien Régime. En 1785, François-Henri Clicquot installe, au positif, un dessus de hautbois.

À la fin du XIXè siècle, après les relevages de Louis Lair en 1812, des frères Claude en 1836 et de Merklin en 1875, l'orgue est toujours dans son état de 1785 avec 43 jeux répartis sur quatre claviers et pédalier. À une date indéterminée, le buffet est repeint en marron foncé.

En 1911, l'abbé Victor Tronchet réduit le nombre de jeux à 34 et rend le positif expressif en y installant quelques jeux romantiques.

En 1928-1929, l'orgue est complètement transformé par la maison Gloton-Debierre, qui vide le positif de sa tuyauterie et reconstruit un instrument de style post-symphonique de 40 jeux, à transmission électro-pneumatique, en ne conservant que 887 tuyaux anciens, dont l'intégralité de la façade, rendue muette.

En décembre 1984, le buffet et la tuyauterie la plus ancienne sont classés "monument historique".

De 1985 à 1989, l'instrument étant à bout de souffle, des études et plans de financement sont mis en place concernant une reconstruction complète visant à rétablir la partie classique, tout en maintenant un récit "romantique". Le décapage du buffet a permis de retrouver des traces de peinture couleur "bois de chêne" si bien que la boiserie a retrouvé, aujourd'hui, sa teinte du XVIIè siècle.

Cette reconstruction a été effectuée de 1992 à 1996 par Daniel Kern.

Le nouvel instrument a été inauguré, en octobre 1996, par Philippe Lefebvre, Olivier Vernet, Pascal Marsault et Jean Guillou.

Gérard Proust
Organiste titulaire

 
La reconstruction

L'instrument, rencontré au moment du démontage, était en très mauvais état, autant sur le plan instrumental qu'en ce qui concerne le buffet.
Le positif de dos avait perdu toute sa tuyauterie du XVIIè siècle, qui avait été partiellement replacée dans le reste de l'instrument, et à l'emplacement du sommier se trouvait une grande console électrique.
Lors de la dernière reconstruction de l'instrument, l'arrière du buffet avait été entièrement mutilé, de même qu'une grande partie de la charpente. Le buffet avait été recouvert d'une épaisse couche de peinture brune qui cachait tous les détails des magnifiques sculptures renaissance.
La plupart des tuyaux de la façade étaient muets et attaqués par la lèpre de l'étain. Le reste de la tuyauterie avait été profondément modifié et décalé, et pratiquement tous les tuyaux avaient été pavillonnés. Un reclassement complet de la tuyauterie était nécessaire afin de retrouver les tailles d'origine.
Du point de vue de la construction intérieure, une nouvelle structuration était indispensable afin de pouvoir replacer les différents plans sonores dans leur disposition d'origine. Enfin, la nouvelle disposition de l'orgue a été établie sur une proposition de Philippe Lefebvre, rapporteur, ainsi que sur les conseils de Monsieur Aubry, technicien-conseil.
Le buffet du positif et du grand orgue ont été reconstitués. Toutes les parties manquantes ont été refaites. Lors du décapage, la teinte d'origine a été retrouvée et l'ensemble a été traité selon les méthodes anciennes.
Les claviers suivent l'ordre classique: I. positif de dos, II. grand orgue, III. récit expressif. Les touches sont plaquées d'os, les dièses sont en ébène.
La nouvelle mécanique des notes est une mécanique de type suspendue pour les deux claviers supérieurs et foulante pour le positif de dos.
Les abrégés sont classiques avec rouleaux en bois, partout où la place le permet, en fer carré pour les divisions plus étroites.
Les sommiers sont à gravure et registres coulissants en chêne. Ils se répartissent de la manière suivante: 4 pour le grand orgue, 2 pour le positif, 2 pour le récit, et 8 pour la pédale.
Le tirage de jeux est entièrement mécanique avec double règle pour les appels d'anches.
La soufflerie se compose de deux grands soufflets à plus parallèles installés sur la première tribune, et d'un soufflet spécifique pour le récit.
Le reclassement et la restauration des tuyaux anciens permit de reconstituer 17 jeux anciens des XVIIè et XVIIIè siècles. Cependant, la plupart de ces tuyaux ont dû être rallongés et souvent complétés par des tuyaux neufs. Les tuyaux de façade, parmi les plus anciens de France, ont nécessité des soins particuliers, du fait de leur grande fragilité et des attaques très sévères de la lèpre. Les nombreuses entailles et déchirures ont été ressoudées, des pièces d'étain ont été greffées, certains pieds et corps ont été doublés par l'intérieur. Seuls cinq tuyaux trop fragiles en raison d'une trop forte attaque de la lèpre ont dus être refaits.
L'harmonisation a été réalisée dans le style classique français avec des pressions de 85mm pour le grand orgue et le positif, 90mm pour le récit et 105mm pour la pédale.
Les Principaux, Montres et Prestants ont une belle assise et beaucoup de fondamentale. La sonorité des Flûtes et Cornets est ronde et chantante. Les Plein-Jeux sont puissants et scintillants, mais sans agressivité et se fondent parfaitement avec les autres jeux. Les Bombardes, Trompettes et Clairons sont éclatants et fiers, mais sans toutefois devenir écrasants. Le Cromorne, la Voix Humaine et la Hautbois ont une belle vivacité et beaucoup de caractère.
La tuyauterie du récit, bien qu'étant d'une époque plus récente, loin de dénaturer l'ensemble, permet de jouer une grande partie de la littérature du XIXè siècle.
Le diapason est de 440 hertz à 18oC.

Daniel Kern
Facteur d'orgues


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Photos :

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