Entrez dans le monde magique des orgues.
Page créée le 15/03/2016
Mise à jour le 28/06/2023
L’orgue Cattiaux-Chevron (2023)
de l’abbatiale Saint-Michel
de Saint-Mihiel (Meuse)
Orgues en France et dans le monde.
Pays :
France
Région :
Grand Est
Dépt :
Meuse
Ville :
Saint-Mihiel
Local :
Abbatiale Saint-Michel
Facteur :
Vautrin / Cattiaux-Chevron
Année :
1792 / 2023
Passion, Découvertes, Partage....
Historique
Disposition
Carte
Photos
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L’abbaye bénédictine de Saint-Mihiel fut fondée en 708 par le comte Wulfoalde, à l’époque mérovingienne. Les origines de l’actuelle
église abbatiale remontent à une reconstruction romane entre 1040 et 1076, date d’achèvement de la tour porche. Les bâtiments
attenants de l’abbaye furent construits au 12ème siècle. Au 16ème siècle, après l’effondrement du clocher, la partie haute de la tour
fut reconstruite de même que la nef. Entre 1666 et 1727, les abbés Hennezon puis Maillet ont remanié entièrement la nef et les bas-
côtés ainsi que le chœur. Les bâtiments attenants de l’abbaye furent reconstruits quant à eux au 18ème siècle, et notamment la
bibliothèque bénédictine. Les quatre-vingt stalles du chœur ont été réalisées à la fin du 17ème siècle par le menuisier Pierre Rouby
et le sculpteur Jean Cimar. L’abbaye a été dissoute en 1790. Le 20ème siècle a vu sa réhabilitation avec d’importants travaux de
restauration entre les deux guerres. Une nouvelle campagne de restauration extérieure et intérieure a été initiée en 2021 pour se
poursuivre pendant deux ans environ.
Le magnifique buffet d’orgue de style classique qui est accroché en nid d’hirondelle sur la façade ouest (mur de la tour-porche) a été
construit entre 1679 et 1681. L’orgue avait été commandé par Dom Hennezon au facteur Jean ADAM père, de Saint-Mihiel, dont on
retrouve une autre réalisation à Stenay (Meuse). Le Frère Jean Brocard de la congrégation de Saint-Maur, fut le maître d’œuvre qui
supervisa la construction du buffet par des charpentiers locaux, Claude Jeanson et Luc Briffaux. Les sculptures en ronde-bosse sont
l’œuvre de François Mollet. Ce buffet est remarquable et il était particulièrement novateur pour l’époque. C’est l’un des seuls buffets
du 17ème qui comportait deux grandes tourelles latérales pour les jeux de 16 pieds de la pédale. Il est entièrement sculpté et orné,
même sur ses panneaux latéraux. Epargné par la révolution, ses tourelles portent toujours les couronnes ducales et royales. Le
buffet comporte un petit positif de dos à deux tourelles et plate-face centrale inséré dans la rambarde de la tribune. Les colonnes
doriques qui supportaient le buffet ont été remplacées en 1879 par deux cariatides.
On ne connait pas la composition de l’instrument d’ADAM, mais il s’agissait certainement d’un orgue important, vraisemblablement à
trois ou quatre claviers avec sa console en fenêtre centrale. La Bombarde de 16’ de la pédale est la première de ce type installée en
France, 10 ans avant celle de Notre-Dame de Paris.
En 1764 et 1765, un facteur du nom de François-Adam HUBERTY a réalisé des travaux et d’importantes modifications de l’orgue.
En 1789, le facteur Jean-François VAUTRIN de Nancy a reconstruit entièrement l’instrument dans le buffet d’origine. Les travaux
durèrent jusqu’en 1792, ce qui sauva sans doute l’orgue du vandalisme des révolutionnaires… L’orgue comptait 39 jeux sur quatre
claviers et pédalier. Il subsiste de cet orgue aujourd’hui, outre le buffet de 1681, une partie de la mécanique et les tuyaux en bois.
En 1804, le même VAUTRIN réalise un relevage.
En 1871 puis en 1880, l’instrument a fait l’objet de travaux et d’entretien par la maison JAQUOT-JEANPIERRE de Rambervillers
(Vosges). L’orgue a été quelque peu modifié au goût (romantique) de l’époque. Les divisions d’Echo et de Récit ont fait place à un
Récit expressif. Les soufflets cunéiformes ont été remplacés par des réservoirs à plis parallèles. Toutefois la disposition du Grand-
orgue, du Positif de Dos et de la Pédale fut préservée.
En 1906, le buffet a été classé aux Monuments Historiques.
En 1917, toute la tuyauterie en métal de l’orgue fut réquisitionnée par les allemands pour être fondue.
En 1931, l’orgue a fait l’objet d’une reconstruction selon la disposition de 1880 par la maison JACQUOT-LAVERGNE de
Rambervillers (successeurs de JAQUOT-JEANPIERRE). Une machine Barker a été placée, un jeu de Trompette 8’ a été ajouté au
Récit Expressif et la transmission des jeux de ce Récit a été reconstruite en électropneumatique.
En 1958 l’instrument a fait l’objet d’un relevage par la même maison JACQUOT-LAVERGNE.
Depuis 2014, devant l’état de délabrement de l’orgue, un projet de restauration majeure a fait l’objet de plusieurs études.
En 2021, une grande restauration/reconstruction du vénérable instrument a été confiée à la maison CATTIAUX-CHEVRON de
Liourdres (Corrèze), maison dirigée depuis 2019 par Olivier CHEVRON. On peut toutefois signaler que Bertrand CATTIAUX, qui
connait parfaitement la facture du 18ème avec ses restaurations des orgues de la cathédrale de Poitiers et de Notre-Dame de Paris
entre autres, participe aux travaux. La disposition retenue est identique à celle parfaitement documentée de 1792.
Ce chantier est financé principalement par la DRAC mais aussi par des dons privés, à l’initiative de la Fondation du Patrimoine et de
l’Association des Amis de l’Orgue et de la Musique de Saint-Mihiel.
Le buffet a été restauré en 2021 et a retrouvé ses coloris clairs d’origine.
Tous les éléments postérieurs au 18ème siècle ont été supprimés. La mécanique et les tuyaux en bois restant de VAUTRIN sont
restaurés à l’identique. Même le banc de 1792, jusque-là conservé dans une chapelle, retrouvera sa place devant la console.
Le reste de la mécanique, les sommiers, la soufflerie, la console, les divisions de Récit et d’Echo et l’essentiel de la tuyauterie sont
reconstruits au modèle de la facture de VAUTRIN (dont on a peu d’exemples) et de celle de François-Henri CLICQUOT
(contemporain et élève de VAUTRIN) et notamment de son orgue mythique de la cathérale de Poitiers.
La tranche principale de cette reconstruction devrait s’achever en fin d’année 2023.
Saint-Mihiel va ainsi recouvrer un instrument exceptionnel dans ce qui est l’un des plus beaux buffets de France.
Autres caractéristiques :
39 jeux - 4 claviers manuels et pédalier
Transmission mécanique des claviers et des jeux
Accouplement : I/II à tiroir
Tirasse : II/P
Tremblants doux et fort
Diapason : La = 415 Hz
Tempérament inégal
La restauration de l’orgue