Entrez dans le monde magique des orgues.
Page créée le 30/07/2009
Mise à jour le 06/08/2010
L’orgue Isnard (1774)
de la Basilique Ste Marie
Madeleine de St Maximin (Var).
Orgues en France et dans le monde.
Pays :
France
Région :
Région PACA
Départ. :
Var
Ville :
St Maximin-La-Ste Beaume
Local :
Basilique Ste Marie-Madeleine
Facteur :
Isnard
Année :
1774
Passion, Découvertes, Partage....
Historique
Disposition
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Photos
L'ordre dominicain qui, depuis sa fondation, avait toujours manifesté un vif intérêt pour la musique, voulait à Saint-Maximin un orgue
correspondant à l'ampleur de la basilique et à l'envolée des chants des pèlerins venus en foule.
Le Languedoc, très proche, et plus particulièrement le couvent de Toulouse, était au XVIIIème siècle un foyer actif de facteurs d'orgues.
On pouvait y rencontrer les LEPINE, les CAVAILLE, DOM BEDOS et les ISNARD.
De 1772 à 1774, il n’y a donc rien d'étonnant à ce que ce fut le frère Jean-Esprit ISNARD qui, avec l'aide de son neveu Joseph,
construisit l'orgue de la basilique de Saint-Maximin.
Ainsi en témoigne l'inscription cachée, retrouvée sur l'un des sommiers du clavier de Bombarde.
Jean-Esprit ISNARD était ce que l'on pourrait appeler un frère laïc. Il n'avait pas d'obligation quotidienne au couvent.
Le couvent de Tarascon, dont il dépendait, le cautionnait pour les travaux importants qu'il entreprenait et l'aidait dans la rédaction
des conventions qui requéraient une compétence juridique que le frère ISNARD ne possédait assurément pas.
Assez paradoxalement d'ailleurs, la convention signée pour la construction de l'orgue est très précise quant à des détails de second ordre
et anormalement vague quant aux points importants.
L'affaire du devis
Cette imprécision nous laisse donc dans le doute au sujet des modifications apportées, en cours de montage, à la conception
même de l'instrument. Toutefois, la comparaison de la composition prévue dans le devis et celle effectivement réalisée par ISNARD,
ainsi que l'observation des traces d'un montage initial, conduisent à penser que l'orgue du devis « faisait trop petit » et,
qu'en cours de construction, il fut décidé de lui donner une allure plus proportionnée aux dimensions de la basilique et à la magnitude
du culte de Sainte-Marie-Madeleine.
Le devis descriptif, que l'on peut consulter dans les archives du couvent, ne mentionne aucune cote et ne contient aucune esquisse
concernant le buffet; ce qui à vrai dire peut paraître assez curieux. On peut alors penser que le frère ISNARD avait envisagé de s'inspirer
d'un modèle préexistant, chose courante. Cette hypothèse se confirme si l'on admet que le maître facteur s'était donné pour modèle
l'orgue de l'église des Dominicains de Marseille (aujourd'hui église paroissiale de Saint-Cannat des Prêcheurs) qu'il construisit entre
1745 et 1750. En effet, la composition de cet orgue est rigoureusement identique à celle mentionnée dans le devis concernant
Saint-Maximin. De plus, le buffet du positif de l'orgue, réalisé par ISNARD à Saint-Maximin, corrrespond point pour point à celui
de Saint-Cannat. Ceci s'explique par le fait que la composition du positif réalisé par ISNARD à Saint-Maximin est bel et bien le reflet
exact de celle contenue dans le fameux devis.
Par contre, le grand buffet principal que l'on découvre à Saint-Maximin est beaucoup plus grand que celui de Saint-Cannat. En effet,
les modifications apportées par ISNARD, durant le montage, ont affecté la composition du Grand Orgue, de la Résonance, et du Récit.
Cet orgue qui, à la lecture du devis, s'avérait être de conception pré-romantique, devenait, par la modification, un instrument grandiose
de tradition classique. Si aucun avenant ne témoigne de ces modifications, elles se lisent dans les faits.
Nous passons d'un « petit seize pieds » à un « double seize pieds ». Ce qui veut dire que les deux tourelles intermédiaires passent
de 4m de hauteur (devis) à plus de 8m (orgue définitif d'ISNARD). Cet orgue, effectivement réalisé par ISNARD, comporte 112 tuyaux
supplémentaires, et quels tuyaux! Parmi ceux-ci se trouvent les plus gros, les plus longs et les plus lourds de l'orgue (300kg d'étain pur).
L'adjonction de la trompette en chamade du 3è clavier peut certes paraître dérisoire (27 petits tuyaux et quelques kilos d'étain) cependant,
il s'agit là d'un bouleversement radical du plan de l'orgue au point que les sommiers initialement prévus deviennent inutilisables.
De même, la flûte de 8 pieds qui cède la place au grand nasard et à la grosse tierce fait basculer totalement l'esthétique de l'instrument.
L'orgue s'affirme puissamment par ses nombreux jeux d'anches (14, dont 11 de la famille des trompettes) et par la plénitude de ses
pleins jeux (22 rangs de principaux). La particularité de cet ensemble, articulé sur quatre claviers, est que la Pédale n'a pas de jeu spécifique.
C'est le troisième clavier, dit de « résonance », qui comporte des registres jouables soit sur la Pédale, soit de manière autonome,
ou enfin accouplés sur le deuxième clavier, dit de « Grand Orgue ». De plus, il comprend quatre cornets complets et deux cornets divisés.
Un orgue exceptionnel dans un cadre unique
Tel qu'il est, ce joyau de la facture classique française est le couronnement de l'œuvre d'ISNARD, De visu et de auditu, c'est une réussite
complète due à un génie capable, à la fois, de synthèse et d'invention.
L'étude systématique de tous les éléments de cet orgue, que j'ai entreprise depuis plusieurs années, m'évite l'écueil de la dithyrambe naïve
et me maintient dans les limites de la stricte objectivité.
Certes, la facture des tuyaux témoigne d'une maîtrise souveraine, certes, l'harmonisation toujours intacte rend compte du génie du facteur,
cependant tout cela ne suffit pas à expliquer l'impression extraordinaire que l'on éprouve à l'audition de cet orgue royal.
Il faut trouver autre chose.
Il est indéniable que le mur « provisoire » qui a toujours remplacé le vitrail a joué un grand rôle dans la conservation de l'instrument.
Une rosace de la taille de celle qui était prévue aurait été abîmée maintes fois en deux siècles et l'eau de pluie aurait inévitablement
détérioré sommiers et tuyaux. Ce qui aurait entraîné l'intervention de facteurs d'orgues qui auraient profité de l'occasion pour mettre
l'instrument « au goût du jour ».
Mais il faut se rendre à l'évidence, ceci n'explique encore pas tout. Alors, doit-on parler de miracle? En ce lui de culte de Sainte
Marie-Madeleine, la chose peut aussi bien être envisagée.
Toutefois, et ceci est un point capital, il faut savoir qu'à Saint-Maximin s'opère une harmonieuse synthèse entre les dimensions de l'orgue
en lui-même et celles de la basilique. Et c'est, pour les facteurs d'orgues, une leçon magistrale que de trouver ici le résultat optimum
dû au respect d'une rigoureuse proportionnalité entre l'architecture du vaisseau et les dimensions et la disposition de son orgue.
À l'édifice représentant Dieu et le Cosmos, il fallait, de plus de la lumière inhabituelle des vitraux, une musique extraordinaire.
L'orgue d'ISNARD, avec sa grande variété de timbres et sa puissance colossale était assurément de nature à émouvoir les pèlerins
et les fidèles. Je citerai pour preuve de leur enthousiasme les pièces de monnaie que l'on lançait d'en bas à l'organiste.
J'y ai même trouvé deux écus d'argent, l'un entre les tubes de postage du clavier principal et l'autre caché dans une fente sur le toit du positif.
Texte de : Pierre Chéron - Facteur d'orgues
L'instrument a été classé aux Monuments Historique en 1953. Il a été restauré par Pierre CHERON en 1954.
Une autre restauration complète a été effectuée entre 1986 et 1991.
Tous les tuyaux (2960) sont d’origine...
Autres caractéristiques :
43 jeux - 4 claviers manuels de 50 notes et pédalier 32 notes
Transmission mécanique des claviers et des jeux
Accouplements : I/II - III/II à tiroir
Tirasse : III/P permanente
Tremblant doux
Diapason : La = 392 Hz
Tempérament égal
Pierre Bardon
Pierre Bardon
Pierre Bardon
Pierre Bardon
présente l’orgue
Dandrieu Offertoire
JS Bach BWV 538
L. Marchand Dialogue