Page créée le 08/04/2008
Mise à jour le 20/03/2020
Le grand-orgue Clicquot (1771)
de l’église Saint-Germain-
l'Auxerrois de Paris (75)
Pays :
France
Région :
Ile-de-France
Départ. :
Paris
Ville :
Paris (1er)
Local :
Eglise St Germain-l'Auxerrois
Facteur :
Clicquot
Année :
1771
Historique
Disposition
Carte
Cliquer
Photos
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Autres caractéristiques :
33 jeux - 3 claviers manuels de 54 notes et pédalier 27 notes
Transmission mécanique des claviers et des jeux
Machine Barker au G.O
Accouplements : II/I - III/I
Tirasses : I/P - II/P
Appel G.O
L’histoire de cette église remonte au haut moyen-âge, au 5ème siècle, avec l’édification d’un oratoire sur le lieu
supposé de la rencontre de Saint-Germain, évêque d’Auxerre, et de Sainte Geneviève, la sainte patronne de
Paris. Puis une église fut érigée au 6ème siècle par Saint Landry, en forme de rotonde. Cette église fut détruite
lors du siège de Paris par les Vikings en 885 puis reconstruite au 11ème siècle. Au 12ème siècle on commence
les travaux de l’actuelle église, sur le lieu même de la précédente. La partie la plus ancienne est la tour romane,
au sud-ouest du chœur. Le chœur fut achevé à la fin du 13ème siècle. Le transept, la nef les collatéraux et la
façade avec le porche ne seront achevés qu’au 15ème siècle. Et malgré ces trois siècles de travaux, l’édifice
présente une unité architecturale remarquable. L’édifice en forme de croix latine comporte une nef avec deux
doubles bas-côtés, un transept saillant et un immense chœur terminé par un chevet semi-circulaire et entouré d’un
double déambulatoire. La plupart des vitraux qui éclairent l’église sont du 19ème siècle à l’exception de certains
du 16ème siècle qui sont encore présents dans le transept. Cette église servit longtemps de lieu de culte aux rois
de France qui résidaient au Louvre. Ce fut également de son clocher que fut sonné le déclenchement du
massacre de la St Barthélémy, le 24 août 1572. L’église échappa aux destructions de la révolution mais pas à
celles des émeutiers de 1831. L’édifice a été restauré par les architectes Baltard et Lassus entre 1836 et 1845.
Plutôt que de détruire l’église qui était regardée par certains comme une verrue si près du Louvre, le baron
Haussmann fit construire entre 1858 et 1863 la mairie du 1
er
arrondissement à la gauche de l’église, dans un style
qui s’en rapproche, et au milieu le beffroi néo-gothique qui relie les deux édifices. L’église est classée aux
Monuments Historiques depuis 1862. Il faut noter que l’église St Germain abrite depuis septembre 2019, après
l’incendie de la cathédrale Notre-Dame en avril 2019, le clergé et le culte de la cathédrale.
Michael Matthes, titulaire
Improvisation (romantique)
Michael Matthes, titulaire
Improvisation (Plein-jeu)
On sait qu’un instrument existait dans l’église depuis la seconde moitié du 15ème siècle. Il était accroché en nid d’hirondelle sur le
côté de la grande nef. Il subit des améliorations et perfectionnements en 1515 et 1554. En 1684, cet orgue fut restauré par le facteur
parisien Jean BESSART. Cet orgue eut des titulaires célèbres comme Eustache Du Caurroy ou Louis-Claude Daquin. On ne
retrouve plus de trace de l’instrument à la révolution.
L’orgue actuel provient en grande partie de l’ancien instrument de la Sainte-Chapelle, dans l’Ile de la Cité.
Cet orgue est l’œuvre en 1771 du célèbre facteur parisien François-Henri CLICQUOT dans un buffet construit en 1756 et 1757 par le
menuisier Lavergne sur le dessin de Pierre-Noël Rousset. Ce buffet était d’un style très novateur, qui préfigurait le style Louis XVI.
C’était un grand 8 pieds de quatre claviers et pédalier. Il fut inauguré en mars 1771 par Louis-Claude Daquin et Bénigne Balbastre.
En 1790, la Sainte-Chapelle fut désaffectée et les chanoines renvoyés.
En 1791, l’orgue de CLICQUOT fut alors démonté et transféré de l’autre côté de la Seine dans l’église St Germain-L’Auxerrois où il
fut placé sur la tribune au fond de la nef. Du matériel sonore provenant des anciens orgues de l’Ecole Militaire et de la collégiale
Saint-Honoré furent également incorporés à l’instrument. Le transfert fut sans douté réalisé par Pierre DALLERY, qui avait été
l’associé de François-Henri CLICQUOT avant le décès de ce dernier en 1790.
L’orgue a été réceptionné en 1795 et jugé en bon état, à l’exception de la soufflerie.
En 1838, une restauration importante fut décidée par la fabrique et confiée au facteur parisien Louis-Paul DALLERY, sous la
supervision des organistes Alexandre-Pierre-François Boëly et Danjou.
L'orgue, qui comptait alors 36 jeux et 2209 tuyaux, fut muni d'une soufflerie neuve. DALLERY ajoute un Bourdon 8’ au Grand-orgue,
une Clarinette 8’ au Positif, un Cor anglais au Récit et augmente la pédale de huit notes, avec un pédalier neuf à l'allemande.
Le 1er août 1840, Alexandre-Pierre-François Boëly était nommé organiste du grand-orgue. Il faut se rappeler son rôle dans la mise
en valeur des musiciens classiques allemands et français.
De 1847 à 1850, il fit restaurer l'instrument par le facteur DUCROQUET de Paris, qui venait de reprendre la maison DAUBLAINE-
CALLINET. DUCROQUET modifie sensiblement l’instrument : il réduit à trois le nombre de claviers manuels, reconstruit les
sommiers de Grand-orgue, construit un Récit expressif neuf, et remplace la tierce du positif par un salicional de 4'. La disposition de
l’instrument s’adapte au style romantique naissant. La réception de ces travaux eut lieu le 27 novembre 1850.
En 1862, le buffet de l’orgue est classé aux Monuments Historiques.
En 1864, l'instrument fut quelque peu remanié par Joseph MERKLIN, qui avait repris les ateliers parisiens de DUCROQUET. Les
jeux de fonds sont pavillonnés mais les anches anciennes restent intactes, à l’exception de la 2ème Trompette de Grand-orgue
décalée en Bombarde 16’. Le sommier de pédale est reconstruit et une machine Barker ajoutée pour le Grand-orgue et les
accouplements. L'orgue comptait alors 35 jeux sur 3 claviers et pédalier.
L’orgue fut inauguré en novembre 1864.
Un important relevage de l'instrument a été entrepris, en 1900, par Joseph GUTSCHENRITTER, successeur de MERKLIN à Paris.
Entre 1970 et 1980, le facteur Adrien MACIET de Montainville (Yvelines) a effectué différents travaux. Il a remplacé au Positif les
jeux de Salicional 8’, la Flûte 4’ et le Clarinette 8’ par une Tierce, un Cromorne et deux mixtures. La 2ème Trompette 8’ de
CLICQUOT modifiée par MERKLIN est restituée. Ces travaux, bien insuffisants, ont pu redonner un peu du style classique à l’orgue.
En 1961, la partie instrumentale de l’instrument est classée aux Monuments Historiques.
De 1995 à 2005, l’instrument dégradé est devenu muet.
En 2005, le facteur parisien Michel GOUSSU a remis l’orgue en vent.
En 2008, un relevage est effectué par le facteur Laurent PLET de Macey (Aube). Les ajouts de MACIET ont été reclassés et
réharmonisés. Les anches d’origine sont recalées, restituant ainsi le Grand-Jeu de CLIQUOT. Les ajouts et l’harmonisation de
MERKLIN sont conservés et restaurés. De même pour le Récit de DUCROQUET devenu inaudible et qui retrouve sa présence. Ce
relevage a permis à l’orgue de pouvoir à nouveau se faire entendre dans des conditions correctes, nous faisant redécouvrir sa
double face classique et romantique tout à fait particulière.
Il n’en reste pas moins qu’une restauration d’envergure s’impose pour un tel instrument dont pas moins de 21 jeux sur 33 remontent
au 18ème siècle.
Michael Matthes, titulaire
Improvisation (classique)
Michael Matthes, titulaire
Improvisation (classique)