Orgues en France
et dans le monde.
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Historique Photos
Paris 20è (75)
Eglise Notre-Dame de la Croix
Orgue de tribune
Cavaillé-Coll, 1874
Composition :
Grand-Orgue |
Récit expressif |
Pédale |
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|
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Bourdon 16' |
Viole de gambe 8' |
Flûte 16' |
Principal 8' |
Voix céleste 8' |
Flûte 8' |
Bourdon 8' |
Flûte traversière 8' |
Violoncelle 8' |
Flûte harmonique 8' |
Flûte octaviante 4' |
Bombarde 16' |
Gambe 8' |
Quinte 2 2/3' |
Trompette 8' |
Prestant 4' |
Trompette 8' |
Clairon 4' |
Doublette 2' |
Basson-Hautbois 8' |
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Plein-Jeu III-V |
Voix humaine 8' |
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Bombarde 16' |
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Trompette 8' |
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Clairon 4' |
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Autres caractéristiques :
26 jeux - 3 claviers manuels et pédalier
Traction mécanique des claviers et des jeux
Étendue des claviers : 56 notes
Étendue du pédalier : 30 notes
Tirasses : GO/PED, REC/PED
1er clavier: accouplement permanent
Appels Anches : GO, REC, PED, GO 16
Machine Barker: GO
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Le
grand orgue a été construit en 1872-73. Il est l'oeuvre du facteur
Aristide Cavaillé-Coll, certainement l'organier le plus célèbre de
toute l'histoire de l'orgue. Le buffet est l'oeuvre de
Louis-Jean-Antoine Héret, architecte de l'édifice.
L'orgue fut inauguré le 17 décembre 1874 par Louis Lebel.
Lors de sa construction, Cavaillé-Coll a immédiatement été confronté à
un problème de taille lors de l'élaboration des plans, à savoir la
rosace, et, au centre de la tribune, le passage des cloches. C'est par
là que ce faisait le tirage de la mécanique des cloches et qu'on les
faisait éventuellement descendre en cas de réparations. Pour la rosace,
il lui avait été stipulé qu'elle ne devait en aucun cas être cachée.
C'était surtout la Croix, au centre du vitrail, qui ne devait pas être
masquée. Du parvis à la pointe du clocher, on compte neuf croix,
chiffre symbolique, et il était évidemment impossible d'en masquer une
seule.
Il fut donc contraint de faire un buffet en deux parties, laissant tout
le centre de la tribune libre et la rosace dégagée. On peut trouver
d'autres exemples de ce type d'orgues en buffets séparés mais le
problème a aussi été le passage des cloches, empêchant de construire
une mécanique directe, partant de la console qui devait à l'origine se
trouver en plein centre de la tribune. La mécanique serait donc partie
de façon directe vers les deux buffets.
Le devis d'origine prévoyait un orgue à trois claviers, composé d'un
récit expressif, d'un clavier de grand orgue et un positif expressif,
avec bien entendu la pédale.
La console a bien été installée, curieusement tournée dos à la nef avec
ses trois claviers, tous les tirants de registres, le buffet monté.
Mais, après l'installation des deux premiers plans sonores, à savoir le
récit et le grand orgue, Cavaillé-Coll s'est rendu compte qu'il serait
impossible de construire la mécanique du positif. Elle est située dos à
la nef, juste derrière le cadran de l'horloge. Le premier clavier, qui
devait être celui de positif, a été transformé en clavier
d'accouplement permanent, c'est-à-dire qu'il tire en même temps le
récit et le grand orgue. C'est le clavier le plus dur. Mais avec les
derniers travaux, les claviers sont devenus tout à fait jouables, le
grand-orgue et le récit étant même confortables.
En effet, de part la configuration forcée de la mécanique, par ce
fameux passage de cloches, il avait été obligé de construire une
mécanique déviée, avec les équerres de renvoi fichées dans le plancher.
C'était déjà absolument injouable pour l'organiste avec la mécanique de
deux claviers. Alors, en ajouter un troisième...
On ne sait pas exactement pourquoi la construction de cet orgue s'est
arrêtée. Ce dont on est sûr, c'est qu'il était prévu pour quatre plans
sonores, pédalier compris, et qu'il n'y en a que trois, alors que tout
était prévu et qu'aujourd'hui encore, il est entièrement configuré pour
quatre plans. Le clavier du positif est là, les tirants de jeux aussi
et les passages de la mécanique ainsi que l'emplacement des sommiers
dans le buffet.
Même avec ce problème, il lui aurait été facile de rajouter une seconde
machine Barker qui aurait fait fonctionner en même temps la mécanique
du récit et du positif. Il ne l'a pas fait, peut-être parce qu'on ne
lui a pas accordé de budget supplémentaire. Mon avis est plutôt qu'il
s'est rendu compte que quoi qu'on fasse, cette mécanique était ratée,
qu'il aurait été encore pire d'y ajouter quoi que ce soit.
En 1912, Charles Mutin effectue un relevage de l'orgue et augmente les pressions de l'orgue.
En 1922, un relevage partiel par Fernand Prince. En septembre 1955,
Erwin Müller effectue des travaux et modifie deux jeux: l'octave 4 du
grand-orgue devient une quinte 2 2/3; la progression harmonique du
plein jeu de grand-orgue III à VI rangs devient un plein jeu à reprise
de III à IV rangs (C = 1 1/3, c = 2, c' = 2 2/3, c'' = 4).
Aucun autre travail n'a été effectué jusqu'en 1989 alors que sous
l'impulsion du père Dominique Aubert, le grand-orgue a été restauré par
Daniel Birouste, facteur d'orgue à Plaisance, et inauguré par
François-Henri Houbart, organiste de la Madeleine.
De 1979 à 1989, l'orgue ne jouait quasiment plus, avec de longs
passages complètement muets. Avec un budget serré, il a réussi dans la
mesure de ses moyens à faire rechanter cet instrument. Malheureusement,
n'ayant pas eu tous les soins dont il avait besoin l'orgue est très
vite retombé malade.
Aujourd'hui, soigné par le facteur d'orgues François Delangue, l'orgue
fonctionne correctement. Mais une restauration totale de la mécanique,
des équerres, de la soufflerie et des sommiers est nécessaire.
Sur le plan sonore, il s'agit très certainement de l'un des plus beaux
Cavaillé-Coll. L'instrument est mondialement connu des amateurs
d'orgues et il est très courant de recevoir des visites d'organistes et
de facteurs d'orgues étrangers qui souhaitent le voir et l'entendre,
principalement pour sa batterie d'anches.
En effet, avec seulement 26 jeux, cet instrument est capable de remplir
l'édifice, pourtant immense, et peu d'orgues peuvent donner une telle
puissance. Même le jeu le plus doux est perçu clairement, et ce à
n'importe quel endroit de l'église. L'architecture métallique de la
voûte y est peut-être pour quelque chose, du moins dans la propagation
du son. Le fait aussi que le plancher de la tribune soit creux ajoute
aussi à la rondeur et au volume du son.
Le buffet de droite contient les tuyaux du clavier de grand orgue, en
hauteur. Dans le soubassement se trouvent la mécanique, une partie de
la soufflerie et la machine Barker.
Le buffet de gauche contient le récit, dont les tuyaux sont enfermés
dans une boîte. Cette boîte est munie de volets, que l'on ouvre ou
ferme par une pédale d'expression, à la console. Juste à côté se trouve
un grand vide qui devait contenir les 11 jeux du positif.
Au fond de la tribune se trouve la pédale, répartie de chaque côté avec
au centre le grand soufflet principal. Les tuyaux de pédale sont à
l'air libre. Les plus grands tuyaux (16 pieds) font à peu près 5,5
mètres (18 pieds) de haut sur une section de 45 centimètres (1,5 pied)
de large, ce qui est assez exceptionnel comme taille.
C'est certainement un des seuls Cavaillé-Coll à être resté dans son
état d'origine, tel qu'il a été construit en 1872. La seule vraie
modification est la transformation du jeu de l'Octave 4' du clavier de
grand-orgue en jeu de Quinte et la modification de la progression du
Plein-jeu, tout à fait réparable.
Rien n'a été changé, si ce n'est l'alimentation en vent qui se fait
maintenant par un moteur électrique, ayant remplacé l'unique personne
qu'il fallait alors pour alimenter la soufflerie à 1 paire de pompes
alternatives commandée aux pieds.
La qualité exceptionnelle de la partie sonore, le fait qu'il soit
complètement authentique, tout cela fait qu'il a été classé « Monument
Historique » et relève donc du patrimoine national.
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