Orgues en France
et dans le monde.
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Historique Photos
Lunéville (54)
Eglise St Jacques
Dupont de Maxéville, 1751
Composition :
Positif
de dos: |
Grand-Orgue: |
Récit expressif: |
Positif intérieur: |
Pédalier: |
53
notes |
54 notes |
54 notes |
54 notes |
30 notes |
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Bourdon 8' |
Bourdon 16' |
Bourdon 8' |
Montre 8' |
Violon 16' |
Flûte 8' |
Montre 8' |
Flûte harm. 8' |
Bourdon 8' |
Bourdon 16' |
Montre 4' |
Bourdon 8' |
Gambe 8' |
Flûte 8' |
Flûte 8' |
Nazard 2' 2/3 |
Flûte 8' |
Voix céleste 8' |
Salicional 8' |
Flûte 4' |
Doublette 2' |
Prestant 4' |
Flûte octav. 4' |
Prestant 4' |
Bombarde 16' |
Quarte de nazard 2' |
Flûte 4' |
Octavin 2' |
Flûte 4' |
Trompette 8' |
Tierce 1' 3/5 |
Grosse Tierce 3' 1/5 |
Cornet V rgs |
Nazard 2' 2/3 |
Clairon 4' |
Larigot 1' 1/3 |
Nazard 2' 2/3 |
Trompette 8' |
Doublette 2' |
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Fourniture III rgs |
Doublette 2' |
Basson-Hautbois 8' |
Fourniture VI rgs |
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Cimbale II rgs |
Quarte de Nazard 2' |
Voix humaine 8' |
Trompette 8' |
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Cromhorne 8' |
Tierce 1' 3/5 |
Cor anglais 8' |
Cromhorne 8' |
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Voix humaine 8' |
Cornet V rgs |
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Plein-Jeu VII rgs |
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Trompette 8' |
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Clairon 4' |
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Autres caractéristiques :
56 jeux - 4 claviers manuels et pédalier
Transmissions mécaniques.
Accouplements: Pos./G.O. (tiroit), Réc./G.O., Pos. int./G.O.
Tirasses: G.O., Réc., Pos. int.
Appel anches. Tremblant doux Pos. Trémolo Réc.
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Le grand orgue de l'église Saint-Jacques de Lunéville figure parmi
les plus beaux et des plus importants ouvrages laissés par Stanislas
Leszczynski, roi de Pologne et dernier duc de Lorraine. Inscrit depuis
1995 sur les routes européennes du baroque, il constitue aujourd'hui un
élément majeur du patrimoine lorrain du XVIIIe siècle, tant par la
qualité artistique de son ensemble architectural, que par sa
disposition instrumentale, puisqu'il s'agit du seul orgue à tuyaux
cachés connu jusqu'à présent.
Emmanuel Héré fut aussi le concepteur de la tribune et du buffet de
l'orgue dont la gravure figure en bonne place dans son célèbre recueil
publié en 1752.
L'instrument fut commandé en 1746, la construction
débuta en 1747 et l'orgue sonna pour la première fois le 21 février
1751.
L'ensemble, tribune et buffet, fut le fruit d'une extraordinaire
collaboration entre l'architecte, le facteur d'orgue Nicolas Dupont de
Maxéville (qui travailla ensuite pour les cathédrales de Nancy, de Toul
et de Verdun) et le peintre André Joly auquel selon des études récentes
il convient désormais d'attribuer la fresque en trompe-l’œil.
Pour
réaliser ce décor représentant l'entrée du Paradis auquel la musique
religieuse permet d'accéder, Héré se serait inspiré, selon les
recherches d'Henri Macoin, d'une gravure du père Andréa Pozzo intitulée
"Les noces de Cana" qui fut utilisée en 1685 pour dresser dans l'église
du Gésu de Rome un théâtre sacré lors de la célébration de l'office des
"40 heures". Le père Pozzo, remarquable théoricien de la "quadratura",
fit paraître des décors en trompe-l’œil ( dont celui des noces de Cana)
dans un traité de perspective intitulé Prospettiva de'pittori e
architetti, diffusé dans toute l'Europe et introduit en Lorraine par
Francesco Galli di Bibiena venu en 1707-1708 construire l'opéra de
Nancy. Son collaborateur Giacomo Barilli dressa en 1723, dans l'église
des Cordeliers de Nancy, un théâtre sacré dénommé "le paradis du Jeudi
saint". Ces théâtres sacrés consistaient à suspendre dans le chœur une
série de toiles peintes ouvertes en leur centre et formant des
coulisses dissimulant orchestre, chœurs et solistes interprétant de
véritables opéras sacrés. Tous étaient construits selon les principes
de la quadratura avec un point de fuite central.
En traçant les lignes
de la perspective sur la gravure de Héré, on remarque que le point de
fuite où convergent toutes ces lignes se situe au milieu du tambour
d'entrée de l'église, sous la tribune, face à l'autel principal et face
au tabernacle. Les fidèles, après avoir assisté à la messe, devenaient
en quelque sorte des acteurs de ce théâtre sacré, transformant la
sortie en une sorte de procession des âmes entrant au Paradis...
Pour réaliser cette scénographie digne d'un opéra, Emmanuel Héré
conçoit une véritable oeuvre d'architecture et pas seulement une
boiserie destinée à enfermer une mécanique et des tuyaux. Il inscrit
l'ensemble, tribune et buffet, dans la structure même de l'église, du
sol à la voûte en trois grandes travées verticales formées à la base
par les quatre colonnes ioniques supportant la tribune et à la partie
supérieure par les quatre massifs de colonnes et pilastres corinthiens
du buffet formant portiques à balustrades posés en avant-scène. Sur le
mur du fond de la tribune, Héré, retenant les leçons de la quadratura,
joue avec l'illusion baroque du trompe-l'œil pour faire éclater
l'espace: un décor entièrement peint à fresque reproduit les portiques
de la façade, laisse entrevoir des arcades latérales donnant des fuites
à droite et à gauche et au centre un palais en hémicycle ouvert sur
l'infini avec au-dessus trois travées de voûtes donnant l'impression de
prolonger l'église.
La voûte est ornée d'un décor d'entrelacs et en son sommet, dans un
anneau central, apparaît derrière une balustrade peinte en
contre-plongée, une coupole à caissons et lanternon, le tout traité en
anamorphose. Mais, à cette influence italienne du XVIIe siècle, Héré
ajoute aussi des motifs rocailles, plus au goût de son époque et
d'autres éléments inspirés de l'Europe centrale, ainsi, posé sur les
entablements des portiques, un grand couronnement à consoles rocailles
réunit la façade tridimensionnelle et celle en trompe-l'œil et ferme
l'espace central pour venir s'amortir sur l'anneau situé au sommet de
la voûte.
La balustrade de la tribune supporte quatre anges jouant chacun d'un
instrument de musique (flûte, luth, violon, basson) sous la conduite
d'un ange chef d'orchestre debout sur le balcon supérieur. Caractérisée
par un jeu de courbes et contre-courbes, elle s'inspire directement des
réalisations bavaroises, tandis que le balcon évoquerait plutôt
l'Autriche. Au centre, un cartouche, coiffé de la couronne ducale,
porte les armes de Stanislas (aigle de Pologne, cavaliers de Lituanie
et buffle des Leszczynski), un drapeau blanc orné de fleurs de lys
(puisque le dernier duc de Lorraine, beau-père de Louis XV, devait
préparer le rattachement de ses Etats à la France), un tambourin et une
palette de peinture rappelant que Stanislas protégeait les arts. Ce
somptueux décor constitue ainsi une magistrale synthèse du baroque
italien, du baroque de l'Europe centrale, harmonisé par la culture
française. Il témoigne des grandes réalisations de Stanislas à
Lunéville, aujourd'hui disparues : le Trèfle, le Pavillon de la Cascade
et le château de Chanteheux.
L'autre particularité de cet orgue exceptionnel est l'absence de tuyaux
visibles: l'instrument se dissimule derrière le soubassement, les
balustrades, les portiques en chêne sculpté et les pilastres de
colonnes ajourés formés d'un réseau de lattes verticales qui laissent
passer le son. Il présente d'indéniables parentés avec le projet de
Saint-Sulpice de Paris proposé par l'architecte Laurent peu avant 1748,
mais qui ne fut finalement pas réalisé, même s'ils inspira ceux du
facteur d'orgue Riepp pour l'abbaye bénédictine d'Ottobeuren en 1755,
puis pour l'abbaye cistercienne de Salem en 1768, mais qui ne virent
pas non plus le jour.
L'orgue de Saint-Jacques est donc bien le seul à
tuyaux cachés connu jusqu'à présent. Mais, au XVIIIe siècle, cette idée
très novatrice lui avait valu de vives critiques chez des tenants d'un
certain classicisme. De telles audaces baroques qui avaient pu être
admises dans le duché de Lorraine, grâce à la personnalité d'Emmanuel
Héré et de Stanislas, provoquent un véritable émerveillement: lorsque
l'instrument résonne, on a l'impression que ce sont les portiques qui
chantent.
Cet orgue unit ainsi la vue et l'ouïe et réalise la synthèse
que recherchait la culture baroque. Loin d'être une pièce isolée, il
constitue un élément à part entière du décor rocaille de l'église, dans
une magistrale alliance de l'architecture et de la musique.
Le classement de l'ensemble au titre des Monuments historiques le 28
février 1986, dans le cadre d'une restauration générale de l'église,
fut le point de départ d'une vaste campagne de restauration qui permit
en mai 2003 de retrouver, outre un somptueux buffet, un fabuleux
instrument réhabilitant l’œuvre de Dupont, sans renoncer aux apports de
Jeanpierre, et ce grâce au superbe travail réalisé par l'équipe des
compagnons de B. Cattiaux et de L. Plet.
Cet orgue, fierté des
Lunévillois, constitue aujourd'hui un élément essentiel de leur
patrimoine et un atout de premier plan dans le développement culturel
et touristique de leur ville.
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